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Portrait : Laurence Lehel

Dernière mise à jour : 8 juin 2021


Portrait Laurence Lehel photo noir et blanc

Designer textile de formation et ayant travaillée dans de grandes maisons de haute couture telles que Yves Saint-Laurent, Laurence Lehel décide finalement de suivre sa propre voie et se lance dans la création artistique. A ce moment-là, elle récupère divers objets afin de créer, de s’occuper et d’expérimenter. En effet, diplômée des Beaux-Arts et des Arts décoratifs, elle apprit les bases de la sculpture et envisage de se remettre à l’étude de cette discipline. Faute de place, elle ne peut se résoudre à travailler la céramique ou bien la pierre. Mais rien n’arrête cette artiste qui décide alors de réaliser des sculptures 100% papier ! Initialement choisit pour sa praticité, elle s’approprie finalement cette matière symbole d’une époque passée faite de cartes routières et postales, encrant alors son art dans une démarche sociale et responsable, le tout teinté d’humour et de légèreté.


Œuvres

Laurence Lehel, comme bon nombre de nos artistes à la galerie Semeurs de Trouble, cherche avant tout à s’amuser. De ce fait, elle choisit de reproduire des objets du quotidien tels que des sous-vêtements ou bien des chaussures avant tout « parce que c’est drôle ». Elle aime les choses décalées, originales et cherche à apporter une touche de légèreté –à l’instar de son matériau de prédilection- dans l’art.

Laurence Lehel art bottes de pluie sculpture papier

Elle explore alors ce décalage entre l’usage de l’objet et les propriétés de la matière. Un bikini en papier ne sert effectivement pas plus que des gants de boxe (vendus chez Drouot en 2019) dans cette même matière : l’un se désagrégera au contact de l’eau tandis que l’autre ne permet pas d’asséner un réel coup. Elle poussera le vice encore plus loin allant jusqu’à confectionner des bottes de pluie « pur papier ».

Certains diront que ses sculptures ne servent à rien, ce à quoi elle répondrait volontiers : « Une sculpture de chien, on ne s’attend pas à ce qu’elle aboie. Mes culottes c’est pareil ».


Concernant le nom donné à chaque pièce, il a lui aussi son importance. Il ne s’agit pas de « culotte 14 » par exemple mais de « l’originalité » ou d’une « historie simple ». Ce dernier peut alors aiguiller notre regard, nous donner une clé de compréhension ou bien ajouter une dimension poétique ou amusante à l’œuvre. Ainsi, un slip kangourou sera alors « à la papa » et un maillot de bain vintage deviendra « chic pour crapahuter ». A l’instar de René Magritte, le titre fait partie intégrante de l’œuvre et il existe une dialectique entre les deux qui se répondent, se complètent.


« Pur papier » ?

Ses sculptures sont certifiées « pur papier » par l’artiste. En effet, bien qu’elle utilise de la colle elle n’a recours à aucun grillage ou armature en fer afin de réaliser ses créations, se distinguant alors de bon nombre d’artistes travaillant le papier. Elle limite même son recours au carton au minimum. Le papier permet également de réaliser toutes les sculptures possibles et imaginables dans les autres matériaux (bois, terre…) mais impliquant un investissement initial plus faible et moins de contraintes de place. Au fil des années, elle a su peaufiner sa technique allant jusqu’à poncer ses créations afin de leur donner un rendu plus lisse ou utilisant divers produits normalement destinés au bois (puisque le papier durci est comparable au bois dans ses propriétés). Il s’agit bel et bien de sculptures rigides et solides et non de simples collages de papiers.


Thèmes principaux

On retrouve 3 grands types de sculptures. Tout d’abord les vêtements et chaussures, hérités de sa formation de designer textile ainsi que de son passé dans le milieu de la mode qui continu de la passionner. Il y a donc des sous-vêtements, des chaussures mais aussi des parures par exemple.



Laurence Lehel personnage pharaon papier sculpture

Viennent ensuite les personnages qu’elle réalisa, encore une fois, pour s’amuser et pour tester. Divers artistes font de la sculpture animalière en papier, elle-même s’y est adonnée mais choisira par la suite de faire de petits personnages lui permettant de créer des histoires, de les mettre en scène et de créer une manifestation par exemple. On retrouve également, dans une catégorie similaire, des insectes ou petits animaux.

Laurence Lehel sculpture papier postiche couettes

Finalement, il y a les postiches dont l’histoire est beaucoup plus cocasse : pour une exposition, l’artiste commença à créer des bustes représentant des personnes relativement inconnues (allant alors à l’encontre de l’utilité du buste conventionnellement admise). Un jour, elle réalise le buste d’une personne avec une énorme perruque et décide finalement d’enlever le buste pour ne garder que la perruque.




Influences

Bien qu’ayant un cursus purement artistique et étant influencée et admirative d’énormément d’artistes (peintres, sculpteurs, photographes…) elle ne revendique pas d’influence de la part de certains d’entre eux. Passionnée par l’univers de la mode et extrêmement curieuse, elle se rend dans divers musées, galeries et expositions. De plus, elle suit énormément d’artistes sur Instagram qui représente une source d’inspiration inépuisable et actuelle.

On peut néanmoins citer des noms comme Sonia Delaunay (peintre) ou bien les Nabis (Bonnard, Vuillard…) qu’elle affectionne particulièrement. Toutefois, faire une liste exhaustive serait impossible tant ses inspirations sont variées.



Dans l’art du temps


Bien qu’ayant initialement choisi le papier pour son aspect pratique, Laurence Lehel a toujours aimé donner une seconde vie aux objets. Elle continue cette démarche, plaçant alors ses créations dans une dynamique actuelle. En effet, elle rend hommage aux vieilles cartes routières que nous jetons désormais depuis l’arrivée des GPS, aux vieux agendas, bons au porteur, magazines… Elle ira même jusqu’à accorder le papier utilisé dans ses créations au lieu d’exposition. Par exemple, les culottes en vitrine dans notre galerie (à Saint-Etienne donc) sont faites à base de cartes routières de la région stéphanoise. Au-delà du papier de cartes routières, l’artiste récupère aussi de vieilles tapisseries ou utilise ses livres de poche déjà lus afin de leur donner une nouvelle vie (plutôt que de les laisser s’empoussiérer sur une étagère).


Ces objets destinés à être détruits sont alors détournés à des fins esthétiques : un motif de carte routière perd alors toute utilité pratique (les routes étant déchirées et non raccordées entre elles) mais devient désormais un motif « textile », un élément de mode faisant écho au passé de l’artiste.

Son art revête donc des problématiques actuelles liées au recyclage ainsi qu’à la surconsommation mais traduit surtout notre évolution quant au matériau qu’est le papier ainsi qu’à ses diverses utilisations : les livres, revues, cartes postales, cartes routières, photos de vacances sont désormais digitalisés et l’utilisation du papier dans la vie courante se fait de plus en plus rare. On peut alors voir l’utilisation de ce matériau comme un hommage à une époque passée.



Pour conclure…

Bien qu’amusantes, les œuvres de Laurence Lehel sont résolument modernes, actuelles et symboles de transformations au sein de notre société. Quant à elle, il s’agit d’une artiste unique sur la scène nationale, pleine d’originalité et d’humour. Elle crée des œuvres avant tout pour elle-même, pour s’exprimer, s’amuser et ces dernières sauront convaincre les amateurs d’art décalé, bien ancrés dans leur époque et cherchant eux-aussi l’originalité.


œuvre Laurence Lehel artiste sculpture papier culotte
Laurence Lehel : L'originalité

Nous vous invitons à voir ses œuvres sur sa page artiste ou plus simplement à passer les voir dans la galerie !

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