Vincent Gachaga exerce tout d’abord dans le domaine de la communication et de la publicité. Passionné par l’art, il souhaite consacrer sa retraite à la création artistique. Mais au début des années 2000, suite à la perte prématurée d’un ami, il prend conscience que la vie peut basculer à chaque instant. Il abandonne alors son métier de communiquant pour s’adonner à l’expérimentation artistique (en tant qu’activité principale). Autodidacte, il s'inspire tout d’abord de l’art brut avant de se tourner vers le pop art, créant alors un mélange unique, combinant les influences de Rauschenberg et de Warhol (entre autres)…
Démarche artistique
Vincent Gachaga aime travailler divers matériaux. Dans ses œuvres, on retrouve, pêle-mêle : du bois, des objets, de la bâche, du vinyle, du verre, de la résine, des photos… En effet, l’artiste est attiré par la transformation des matériaux. Son travail repose avant tout sur l’expérimentation ainsi que sur une part d’aléatoire (hérité de l’art brut). Il va alors récolter divers matériaux, objets et photos sans savoir à quoi ces derniers serviront. Puis, il tente de les transformer, de les assembler afin de composer une chose nouvelle avec ces derniers.
« A chaque fois que je trouve quelque chose qui n’est pas fait à priori pour faire de l’art, je me demande comment je vais pouvoir m’en servir, le détourner. Cette découverte est mon moteur. »
On peut alors voir ses œuvres osciller entre un art brut qu’il qualifie de « spontané, irréfléchi, qui fait feu de tout bois » et les influences pop art avec un travail de maquettage plus important en amont (comme c’est le cas de la série néons) sans pour autant enlever toute part d’aléatoire (coulées de résine, affiches arrachées…). Il compare les conséquences (parfois inesthétiques) de cet aspect aléatoire à une singularité sur un visage : c’est parfois cette imperfection qui fait le charme d’une personne. Ces potentielles « imperfections » dues à l’aléatoire font alors la personnalité de ses œuvres.
Un point intéressant repose sur la place de la photo qu’il utilise comme un médium parmi tant d’autres. Intéressé par cette pratique, il considère que sa façon de faire de la photographie n’est pas assez complète. Il va donc utiliser ses photos dans des compositions afin de les enrichir. Ces dernières sont, comme les autres éléments, récoltées sur le vif. Il utilise des clichés qu’il qualifie de « déchets de photos » : parfois floues, mal cadrées, mal exposées…
Les icônes
On voit souvent, dans ses œuvres, des références à des icônes telles que des stars de la musique (Gainsbourg, Bowie), des icônes de beauté (Brigitte Bardot), des objets mythiques (les polaroïds, bandes dessinées)… Si l’utilisation de ces derniers revêt parfois un aspect nostalgique de la part de l’artiste, ce n'est pas leur fonction première. Héritage du pop art cette fois, il agit à la manière de Warhol en ayant recours à des images connues de tous. Son but est alors de les inclure dans une œuvre afin de leur rendre hommage mais surtout de créer un échange : ces icônes nous parlent et sont l’occasion idéale pour discuter, débattre…
L’histoire de l’artiste se mêle alors aux expériences personnelles du public : chacun interprète à sa façon l’œuvre qui lui fait face, avec sa propre histoire. Le portrait de Bowie renverra certains à leurs premières soirées et d’autres à leur période rock et jean slim, Brigitte Bardot vous rappellera votre premier amour d’adolescence ou bien votre premier Godard…
Le but n’est donc pas de faire passer un message mais de créer une œuvre esthétique qui touchera le public, que chacun pourra se réapproprier à sa façon.
« Une fois que l’œuvre est faite ça ne m’appartient plus, ça appartient à celui qui la regarde. »
Influences
Influencé par divers artistes et courants du XXe siècle tels que les Nouveaux réalistes, le pop art, l’art brut et certains collagistes comme Jacques Villeglé, on peut tout de même citer un grand nom agissant comme une sorte de mentor : Rauschenberg. En effet, notre artiste considère que ce dernier a « tout inventé, ou presque ». Une vraie révélation s’opéra lors de sa première rencontre avec les œuvres de l’artiste : sa façon de mélanger des photos, les objets et même des animaux empaillés (cf. : Monogramme) le subjugua !
De plus, il le considère comme précurseur du pop art –autre mouvement ayant fortement influencé l’artiste-, courant qui sera amplifié par Andy Warhol : le pape du pop.
Une autre influence repose sur le milieu urbain : l’architecture géométrique des mégalopoles, les graffitis, les traces que laissent la vie des personnes y habitant… Ces thèmes se retrouvent régulièrement dans les œuvres de notre artiste !
« Tout me parle dans ce milieu : l’architecture, la façon dont les gens se l’approprient, la transformation qu’ils en font… »
Pour conclure, les œuvres de Vincent Gachaga sont un mélange d’art brut et de pop art qu’il réinvente à sa façon. Un artiste autodidacte certes mais qui ne manque pas de culture artistique ! Finalement, cet artiste est avant tout un expérimentateur : il ne cherche rien si ce n’est des matériaux lui permettant de tenter de nouvelles choses. Déformer, assembler, mélanger et surprendre sont alors ses mots d’ordres ! C’est avant tout ce travail d’expérimentation qui anime l’artiste. Au-delà de ce travail qu’il qualifie de R&D, son but est alors de créer des œuvres vecteurs d’émotions, de souvenirs et propices à l’échange : une main tendue entre l’artiste et le public.
« C’est ça qui est assez magique en fait. Ce sont 2 histoires différentes qui se rencontrent. »
Avant de vous quitter, voici quelques œuvres de séries que nous n'avons pas abordées dans cet article (l'artiste étant assez prolifique, il est difficile d'être exhaustif … Retrouvez en encore plus sur sa page artiste !
Merveilleux du grand art